Üniversite eğitimini yurt içi ve yurt dışında tamamlayan Cihan Ataş, halen İstanbul Üniversitesi'nde eğitim görmektedir. İlgi alanlarını kültür-sanat, din, din sosyolojisi ile toplumsal cinsiyet eşitliği ve hakları oluşturmaktadır. Şimdiye kadar yayımlanmış bir belgeseli bulunmakla birlikte, gelecekteki belgesel projeleri üzerine de çalışmaktadır. Düzenli olarak kültür-sanat etkinlikleri üzerine röportajlar yaparak yazılar kaleme almaktadır.

-En repoussant les limites techniques de votre instrument, vous avez créé votre propre style en mêlant musique jazz, musique traditionnelle et musique contemporaine. Comment s’est passé le processus d’ajout de la cinquième corde à votre instrument ? Comment s’est déroulé ce processus de création ?

L’ajout de la cinquième corde  a été une étape importante et fondamentale pour développer ma vision de la contrebasse, c’est à dire un instrument à vocation universelle et pas seulement un instrument d’accompagnement ou de section rythmique comme c’est le cas dans le jazz. Bien sûr, je ne renie pas cet aspect de la contrebasse qui est tout à fait honorable et passionnant. Mais la cinquième corde m’a permis d’étendre encore davantage le chant et le potentiel mélodique de cet instrument.

 

-Vous êtes connu comme le “Paganini de la Contrebasse”. Envisageriez-vous d’être appelé ainsi au début de votre parcours musical ?

J’avoue que ce terme de Paganini de la contrebasse est flatteur, mais je ne m’y reconnais pas vraiment, en ce sens que mon travail est bien davantage basé sur une recherche musicale. Ce que je recherche dans la musique a quelque chose de spirituel, une émotion à partager avec le public qui soit bien au-delà d’un exercice de virtuosité. Certes, j’ai beaucoup travaillé l’aspect technique de l’instrument, mais dans un but de m’affranchir le plus possible des contraintes de l’instrument, et d’accéder à une liberté de jeu au service d’une expression la plus riche et variée possible.

 

-Qu’est-ce qui vous passe par la tête lorsque vous improvisez sur scène ? Comment vous sentez-vous lorsque vous réalisez cette performance ?

Ce que je recherche dans l’improvisation, c’est de me laisser guider par quelque chose d’indicible, là encore il y a quelque chose de spirituel. Ensuite, lorsque cela se passe au mieux, on a le sentiment de sortir un peu de soi-même, on a l’impression que c’est quelque chose, quelqu’un qui joue à votre place en quelque sorte. On ressent dans ces rares moments, une sorte de libération, d’accomplissement… Bien sûr, ce que je décris là correspond aux meilleurs moments.

 

-Vous avez eu l’occasion de travailler avec des artistes dans de nombreuses régions du monde et de rencontrer leurs cultures musicales. Vous présentez des œuvres en croisant diverses cultures musicales. Quelle musique de pays vous a le plus impressionné personnellement ? 

Je pense pas qu’il y est une musique qui m’est le plus impressionné qu’une autre, chacune a son authenticité, sa noblesse, sa profondeur. Je ne saurais établir un palmarès. Je dirais que toutes les musiques que j’ai pu écouter, étudier ou pratiquer avec soin m’ont impressionné. Que ce soit les musiques d’Orient : Ottomane, Indienne, Persane, etc, comme celles d’occident, musique classique, jazz, Balkanique, Afro Latine…

Pouvez-vous préciser les similitudes et les différences entre ces cultures musicales ?

C’est une question très intéressante mais cela demanderait un grand exposé probablement de plusieurs pages que je ne vais pas pouvoir faire ici. Pour répondre en quelques mots, je dirais que tous les styles musicaux ont dans leur fondement la recherche d’authenticité, exprimer le chant profond de notre humanité, petit humain perdu dans l’immensité de la création… Alors les différences, même s’ils ont leur importance en matière de style, ne constituent que les mille et une facettes d’un seul et même diamant.

 

– Vous avez donné un concert à la Citerne Basilique l’année dernière. Cet endroit est l’un des symboles d’Istanbul avec son atmosphère historique. Comment pensez-vous que cette expérience était ?

Sur le plan physique, que ce soit pour mon instrument et pour moi-même, du à l’humidité du lieu, cela a été un véritable challenge. Mais le lieu est magnifique et enchanteur, et son acoustique avec sa réverbération de plusieurs secondes est inspirante. Finalement, à travers cette acoustique si particulière, on ressent la force de l’histoire, d’un passé lointain, d’une civilisation différente de la notre. Je garde un grand souvenir de ce concert, et de son public très chaleureux et attentif, très concentré pour adapter son audition à ces conditions si particulières.

 

-Le Souffle Des Cordes est un projet qui intègre des motifs de musique traditionnelle turque ainsi que les effets de la musique flamenco. Comment s’est faite cette fusion ? À quoi les auditeurs peuvent-ils s’attendre dans Le Souffle Des Cordes ?

Le souffle des cordes est avant tout un projet d’écriture musicale dont le but est de faire entendre un rapprochement entre les cultures. C’est une musique sans frontière dans laquelle j’ai essayé de relier tous les univers musicaux que j’aime depuis si longtemps. Bien sûr la musique Turque, dans son sens le plus large et au-delà, la musique orientale, y est magnifiquement représentée par Derya Turkan (Kemençé) et Serkan Halili (Kanoun), maîtres inspirés et généreux de leur instrument. Le flamenco y est aussi présent, avec notamment la participation du maestro Kiko Ruiz à la guitare flamenca. Et pour créer le lien entre toutes ces influences, il y a la majesté du rôle à la fois harmonique et rythmique du quatuor à cordes classique qui apporte une énergie mais aussi cette influence de la musique occidentale dans son aspect orchestral, du baroque à la musique contemporaine. Et finalement, ma contrebasse incarne des voix et des rôles multiples établissant des ponts entre tous ces styles avec notamment l’apport de l’improvisation propre au jazz. Plus qu’un simple rapprochement entre les cultures, il s’agit avec ce projet de partager en musique, un moment de bonheur, d’espoir, et j’espère d’humanité.